Guerre en Ukraine, les drones gagnent leurs galons

La guerre en Ukraine est le deuxième conflit, après celui du Haut-Karabagh, où les drones prennent une place significative dans les opérations militaires. Sans pour autant évincer les autres plateformes, leur rôle, dans le cadre d’affrontements armés entre deux nations, commence à prendre forme. Plus que remplacer, ils apportent quelque chose de nouveau que ne procurent pas les aéronefs pilotés. Globalement plus petits, moins chers, plus faciles à mettre en œuvre, ils donnent accès à la troisième dimension pour l’ensemble des forces déployées. Ils fournissent de la masse à une dimension de plus en plus grevée par le prix des machines. Ils permettent de compenser, en partie, ce que l’aviation militaire a troqué en volume au profit de la technologie. A titre de comparaison, en 2021, l’armée américaine avait en service moitié moins d’avions (rapporté au nombre de soldats) qu’en 1945. Certes, la comparaison ne représente pas grand-chose tant les machines d’aujourd’hui ont des capacités incomparables. Malgré tout, elles n’ont toujours pas le don d’ubiquité et les drones peuvent, dans une certaine mesure, y remédier.

Les forces en présence

Les belligérants alignent une gamme de drones très variée dont voici les modèles militaires les plus utilisés sur le terrain. Cette liste n’est pas exhaustive car elle évolue au rythme des livraisons. Elle concerne les modèles les plus courants, cependant d’autres modèles ont été employés à titre d’essais. De plus, afin de combler des besoins très importants, les deux camps utilisent également toute une gamme de drones civils. Les Ukrainiens en ont d’ailleurs modifié quelques-uns afin qu’ils soient en mesure d’effectuer des missions offensives, comme le largage de cocktails Molotov, de grenades antichars ou de charges explosives. On observe également ce même type de bricolage du côté des troupes des républiques séparatistes du Donbass.

RussieUkraine
Drones de Surveillance et de combatOrionTB-2
Forpost-RPunisher
UJ-22
Drones de reconnaissanceGorizont S-100TU-141
Orlan-10 et 30TU-143
Eleron-3Leleka-100
Granat-1A1-CM Furia
Granat-2Flyeye
Granat-4RQ-11 Raven
TachyonBayraktar Mini
Merlin-VRRQ-20 Puma
Quantix Recon
Anafi USA
Drones ciblesE95M
TU-143
KBLA-IVTs
Drones suicidesKUB-BLAWarmate
Switchblade 300 et 600
Phoenix Ghost
Pholos II

Les drones en Ukraine : des fonctions très variées

La majorité des drones est destinée à la reconnaissance, la désignation d’objectif ou la surveillance. Les plus médiatisés sont utilisés à des fins d’attaque, comme le drone TB-2 côté ukrainien ou le drone-suicide KUB-BLA côté russe mais, dans cette guerre, les drones ont aussi d’autres rôles moins médiatisés.

Le drone ORLAN-10 est un drone de reconnaissance, sans doute le plus utilisé par les forces russes. Il existe également une version guerre électronique où deux plateformes sont utilisées, ayant pour fonction IMSI Catcher, respectivement sur les bandes 900 MHz et 1800 MHz. Cela permet d’envoyer des SMS sur les téléphones portables ennemis. Le système aurait la capacité d’intercepter jusqu’à 2 000 téléphones dans un rayon de 6 km. Il a particulièrement été utilisé dans le Donbass dès 2014 à l’encontre des soldats ukrainiens.

Trois modèles de drones ont également été utilisés par les forces russes pour appuyer la destruction des défenses sol/air ukrainiennes. Le drone-cible E95M a initialement été développé pour entraîner et tester la défense anti-aérienne. L’armée russe l’a détourné de son usage original afin de pousser l’armée ukrainienne à activer ses systèmes sol/air, ce qui peut permettre à un chasseur de tirer des missiles antiradars pour les détruire. La même chose a été réalisée avec un ancien modèle de drone de reconnaissance déclassé datant du milieu des années 1970, le TU-143[1]. Sa taille assez imposante (plus de 8 m de long) et sa vitesse élevée (950 km/h) en font une cible très attractive et particulièrement crédible pour la défense sol/air. Un drone-cible de type hélicoptère est aussi utilisé[2] afin de simuler des cibles lentes, toujours dans l’optique de localiser les systèmes sol/air ukrainiens et les détruire.

Drone cible hélicoptère russe KBLA-IVTs

Il faut également mentionner que l’Ukraine a utilisé plusieurs drones de reconnaissance, datant eux aussi des années 1970, dont le TU-141. Ce drone est un appareil de reconnaissance optique qui a une autonomie de 1000 km pour une vitesse de 1000 km/h. Compte tenu de son ancienneté, il présente l’avantage d’être totalement insensible au brouillage car il ne dispose d’aucune liaison de données et sa navigation est uniquement inertielle, le vol s’effectuant sur une trajectoire préprogrammée. Ce drone s’est fait connaître le 10 mars 2022 quand un exemplaire s’est écrasé dans la banlieue de Zagreb en Croatie. Il avait, au préalable, survolé une partie de la Roumanie et de la Hongrie en toute impunité alors même qu’il transportait une bombe, ce qui pourrait indiquer que les Ukrainiens pourraient les utiliser en tant que drones-suicides, sans que cela n’ait été confirmé. Il semblerait qu’une erreur de programmation dans les coordonnées par un opérateur ukrainien soit à l’origine de l’incident[3].

Drone de reconnaissance TU-141

Durant cette guerre, les drones sont aussi intervenus, pour la première fois, dans la guerre maritime. Ainsi des drones TB-2 ont été utilisés afin de réaliser la désignation d’objectif, au profit d’une batterie de missiles antinavires P-360 Neptune basée à terre, contre le croiseur Moskva, le navire amiral de la flotte de la mer Noire russe[4]. Ces mêmes drones sont aussi directement responsables de la destruction de plusieurs petits patrouilleurs (16 m le long) de la classe Raptor avec des missiles MAM-L[5] ainsi que d’une petite barge de débarquement. C’est la première fois que des drones TB-2 sont utilisés contre des cibles maritimes.

Cela révèle combien les navires, de toute taille, sont également concernés par la menace représentée par les drones.

Vue d’un patrouilleur Raptor par un drone TB-2 quelques instants avant sa destruction

Multiplicateur de force d’un côté et substitut de l’autre

Le poids des drones dans les opérations militaires n’est pas le même côté du russe que du côté ukrainien. Si les premiers bénéficient encore largement des capacités de frappes dans la profondeur de l’aviation, de l’appui feu fourni par les hélicoptères et les avions d’attaque, ce n’est pas le cas des seconds.

L’armée russe semble avoir, au début du conflit, un peu délaissé l’emploi des drones. Néanmoins, il a été constaté que les troupes au sol disposaient de drones civils DJI sans que l’on en connaisse réellement l’ampleur. Face aux pertes subies sur les convois et confrontée aux destructions d’ouvrages d’art sur ses arrières, l’armée russe a commencé à davantage les utiliser pour la protection des axes logistiques, la détection des embuscades et la surveillance des ponts. De manière plus classique, des drones ont été utilisés pour le guidage de l’artillerie mais aussi pour effectuer de la désignation Laser pour les obus guidés. Ils ont aussi été logiquement mis à profit pour la surveillance et la désignation d’objectifs d’opportunité. Ainsi c’est un drone ORLAN-10 qui aurait été utilisé pour cibler des lances-roquettes multiples ukrainiens qui étaient stationnés sur le parking du centre commercial de la banlieue de Kiev frappé le 21 mars dernier. L’armée russe n’aurait utilisé le drone de combat ORION que de façon marginale, sans doute davantage pour la communication afin de montrer qu’elle aussi dispose de machines équivalentes au TB-2. Compte tenu de la puissance de feu de son aviation, l’emploi de ce drone n’est en rien une nécessité sur le terrain et la trentaine de drones disponibles est de toute façon insuffisante pour peser de manière significative sur le conflit.

De son côté, l’armée ukrainienne a exploité dès le début de l’invasion le potentiel de ses drones pour renseigner sur les positions et l’avance ennemies. Très vite, ces appareils sans pilote embarqué ont été utilisés pour désigner les cibles à l’artillerie et ajuster les tirs. Ils ont aussi été intensivement employés pour aider à monter des embuscades sur les arrières des forces russes. Puis, compte tenu de la rapide érosion de son aviation, ce sont ses drones turcs TB-2 qui ont fait la une de la communication ukrainienne car ils sont devenus, avec leurs drones indigènes « Punisher » et UJ-22, pratiquement les seuls moyens de frapper par les airs le dispositif adverse dans la profondeur, et même à l’intérieur du territoire russe[1].

Malgré le faible nombre de machines disponibles au début du conflit (seulement une vingtaine de TB-2), des dégâts relativement importants ont pu être infligés aux forces russes.

Ce drone rustique, relativement bon marché (son prix serait aujourd’hui inférieur à 1 M$ l’unité), peut être mis en œuvre à partir de tronçons de route et n’a pas besoin d’infrastructures aéronautiques dédiées, ce qui en simplifie l’utilisation et le rend très résilient face aux frappes de missiles qui peuvent toucher les aérodromes.

Un pouvoir destructeur encore limité

Les drones ne sont directement responsables que de moins de 10 % des pertes infligées à l’armée russe. La majorité des pertes, 70 % des destructions de matériel, sont imputables à l’artillerie quand 20 % l’est aux roquettes et missiles antichars tirés par l’infanterie. Toutefois, le ratio imputable à l’artillerie doit beaucoup aux drones ; et les petits (10 % de pertes dues aux drones d’attaque) ont pu atteindre le dispositif adverse dans la profondeur, contrairement à l’artillerie. Cela a permis, non seulement d’entraver la chaîne logistique russe, déjà intrinsèquement fragile, mais surtout de maintenir une menace permanente sur les arrières. Les forces russes ont été contraintes de diluer leurs systèmes anti-aériens sur l’ensemble de leurs voies de communications. Cela a eu pour effet de diminuer leur efficacité car, aussi nombreux soient-ils, ils ne le sont pas assez pour tout couvrir.

L’utilisation des « drones-suicides » est en augmentation côté ukrainien alors qu’ils commencent à être livrés en nombre. Néanmoins, en l’absence de doctrine vraiment établie, ce type d’effecteur est encore au stade de l’expérimentation sur le terrain. Chaque utilisateur en étant encore à optimiser l’emploi de ce nouvel outil et à en appréhender les limites d’autant que leur pouvoir destructeur reste limité.

Malgré tout, cela permet de faire planer une menace constante sur l’adversaire, même s’il est solidement retranché, et de le frapper sans être en ligne de vue directe. Si l’impact militaire de ces drones reste encore très limité, ils font peser une pression psychologique bien réelle sur l’adversaire.

Des pertes, quelles pertes ?

Si les pertes russes en véhicules blindés ou en aéronefs pilotés sont assez bien documentées, c’est un peu moins le cas pour les drones. En effet, d’un côté comme de l’autre, la perte d’un de ces engins n’est en rien un enjeu stratégique. De plus, les machines les plus onéreuses sont le drone TB-2 côté ukrainien et le drone ORION côté russe. Or, aucune de ces 2 machines ne dépasse le million d’euros l’unité, ce qui fait que leurs pertes sont tout à fait soutenables pour les deux parties. Il semblerait que l’essentiels des drones TB-2 Ukrainiens aient, à la fin mai, été détruits au combat. Malgré les livraisons régulières, l’attrition a été importante notamment lors de la bataille de l’île aux Serpents début mai 2022 où le gros de la flotte de TB-2 restante aurait été perdu. Ceci pourrait expliquer pourquoi, les vidéos en provenance des TB-2 se font, depuis, plus rares sur les réseaux sociaux. Cette absence ne sera, peut-être, qu’une parenthèse si la Turquie continue à en livrer. Les drones TB-2 sont devenus iconiques côté ukrainien et les images qu’ils fournissent sont essentielles à la communication de guerre Ukrainienne.

Drone TB-2 abattu

Faisant partie intégrante de la stratégie de communication, il y a un effort de la part des Ukrainiens pour communiquer sur tout drone russe abattu ou crashé (probablement par la perte de la liaison de données). Ce n’est peut-être pas représentatif des pertes réelles mais cela sert la propagande ukrainienne qui tient à montrer au monde toutes les pertes qu’elle inflige à son adversaire. En tout cas, quelles que soient les pertes de drones subies d’un côté comme de l’autre, il ne semble pas que cela contraigne réellement leur emploi sur le terrain. Les drones se sont déjà rendus indispensables.

Les drones, en dehors des plus gros comme les TB-2, ORION, FORPOST, TU-141 et TU-143, sont bien trop petits pour être traités par les systèmes de défense sol/air[6] lourds. Les drones à propulsion thermique peuvent être traités avec des missiles sol/air portatifs (MANPADS) mais la principale menace qui pèse sur eux est au niveau de la guerre électronique. Ainsi les unités de guerre électronique russes seraient des cibles prioritaires pour les Ukrainiens car les brouillages générés entraveraient considérablement la mise en œuvre des drones qui sont aujourd’hui essentiels pour l’armée ukrainienne[7].

Le brouillage serait, aujourd’hui, le moyen le plus efficace pour contrer ces drones.

Compte tenu de l’abondance de systèmes anti-aériens livrés aux forces ukrainiennes, beaucoup de ceux-ci sont utilisés pour abattre des drones russes à propulsion thermique (la signature thermique des drones électriques est généralement trop faible pour être traitée par les autodirecteurs infrarouge). Ainsi, il y a plusieurs dizaines de drones ORLAN-10 qui sont référencés « abattus » (seul mini drone russe à propulsion thermique). Or, le drone ORLAN-10 est un drone très rustique[8] et facile à construire. On peut donc s’interroger sur la pertinence d’utiliser un missile sol/air pour détruire une cible de si faible valeur. Par exemple, le missile Starstreak, très performant mais onéreux (autour de 300 000 € le missile), a été utilisé plusieurs fois pour abattre ces drones[9]. Compte tenu de la valeur du missile tiré, très largement supérieure à celle de sa cible, il est évident que cela n’est pas tenable à grande échelle. Les stocks occidentaux de missiles anti-aériens portables ne sont pas infinis et, surtout, le rythme de consommation est bien supérieur à ce que l’industrie peut fournir (plusieurs dizaines de ces missiles seraient tirées chaque jour). Il y a aussi la dimension du coût financier d’une telle consommation mais celui-ci n’est, aujourd’hui, pas (encore ?) supporté par l’Ukraine, il incombe encore aux pays donateurs.

Drone OLAN-10 abattu par un missile STARSTREAK près de Kharkiv

Une arme de propagande

Un autre avantage des drones est de fournir beaucoup d’images et de vidéos des combats. Leur diffusion contrôlée sur les réseaux sociaux permet de très fortement peser sur les opinions publiques et donc sur le soutien apporté à la cause. Cet aspect est particulièrement bien maîtrisé par l’Ukraine qui a su parfaitement renforcer l’image de son armée auprès de sa population mais aussi démontrer sa résistance face à l’armée russe auprès des autres pays. Cette maîtrise de l’information, en montrant les destructions infligées à l’envahisseur, a largement participé à la mise en place du soutien militaire dont le pays bénéficie aujourd’hui.

Système sol/air BUK M1-2 au repos surpris par un drone TB-2

La guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan avait déjà illustré le rôle militaire central que pouvaient jouer les drones. Cette guerre entre la Russie et l’Ukraine le démontre à une plus grande échelle encore. Le rôle des drones s’est étoffé ; la profondeur du théâtre d’opération aidant, on voit comment ils trouvent leur place entre les aéronefs et les forces au sol. Ils occupent maintenant la place qui était autrefois celle des avions légers de reconnaissance ou des ballons d’observation ; ils deviennent aussi des éléments indispensables pour protéger les convois contre les embuscades. A mesure que les drones d’attaque et suicide vont se généraliser sur le champ de bataille, ils prendront aussi une partie des missions, les plus risquées, dévolues aux hélicoptères de combat et aux avions d’attaque au sol. C’est aussi un autre point qui ressort de cette guerre, les drones sont facilement engagés dans des opérations à haut risque. Même le drone TB-2 peut-être volontiers sacrifié si la mission est « rentable » opérationnellement. Ainsi, alors que les Ukrainiens ont perdu beaucoup de leurs drones TB-2, les dégâts occasionnés aux forces russes sont bien supérieurs à la valeur de la perte de ces drones. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la Russie ne semble avoir engagé aucun de ses drones MALE Altius, dont les premiers exemplaires sont entrés en service l’année dernière, sans doute bien trop précieux et vulnérables dans le contexte ukrainien. De la même manière, cela explique pourquoi les USA semblent renoncer à livrer 4 drones MQ-1C Grey Eagle à l’Ukraine[10] car ces drones risquent d’avoir une durée de vie limitée face à la défense sol/air russe et le risque est grand de voir certaines technologies récupérées sur les machines abattus.

La guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan avait déjà illustré le rôle militaire central que pouvaient jouer les drones. Cette guerre entre la Russie et l’Ukraine le démontre à une plus grande échelle encore. Le rôle des drones s’est étoffé ; la profondeur du théâtre d’opération aidant, on voit comment ils trouvent leur place entre les aéronefs et les forces au sol. Ils occupent maintenant la place qui était autrefois celle des avions légers de reconnaissance ou des ballons d’observation ; ils deviennent aussi des éléments indispensables pour protéger les convois contre les embuscades. A mesure que les drones d’attaque et suicide vont se généraliser sur le champ de bataille, ils prendront aussi une partie des missions, les plus risquées, dévolues aux hélicoptères de combat et aux avions d’attaque au sol. C’est aussi un autre point qui ressort de cette guerre, les drones sont facilement engagés dans des opérations à haut risque. Même le drone TB-2 peut-être volontiers sacrifié si la mission est « rentable » opérationnellement. Ainsi, alors que les Ukrainiens ont perdu beaucoup de leurs drones TB-2, les dégâts occasionnés aux forces russes sont bien supérieurs à la valeur de la perte de ces drones. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la Russie ne semble avoir engagé aucun de ses drones MALE Altius, dont les premiers exemplaires sont entrés en service l’année dernière, sans doute bien trop précieux et vulnérables dans le contexte ukrainien. De la même manière, cela explique pourquoi les USA semblent renoncer à livrer 4 drones MQ-1C Grey Eagle à l’Ukraine[11] car ces drones risquent d’avoir une durée de vie limitée face à la défense sol/air russe et le risque est grand de voir certaines technologies récupérées sur les machines abattus.

Les drones se sont rendus aujourd’hui totalement indispensables sur le champ de bataille et représentent désormais une menace bien concrète et de plus en plus importante pour toutes les forces déployées sur le terrain, que ce soit au front ou à l’arrière. Loin de remplacer les systèmes d’armes existants, ils permettent, au contraire, d’en optimiser l’emploi. Ils augmentent l’efficacité de l’artillerie et optimisent l’emploi des armes antichars en aidant à la préparation des embuscades. Ils permettent aussi de remplir les missions les plus à risque en préservant les aéronefs pilotés dont toute perte est problématique car ils sont bien plus difficiles à remplacer. Les drones offrent l’opportunité de redonner de la masse à des forces aériennes qui en ont beaucoup perdu du fait de l’augmentation exponentielle du prix des aéronefs. Il est donc à prévoir que la proportion des drones à bas coût sur le champ de bataille ne fera qu’augmenter inexorablement[12]. Par contre, on peut s’interroger sur la pertinence de développer des drones très « high tech », d’un coût équivalent à celui des machines pilotées et qui en ont pratiquement les mêmes contraintes. Sauf à les utiliser uniquement sur des missions de surveillance/renseignement en temps de paix ou sur des conflits à très faible intensité, on voit aujourd’hui assez mal quelle pourrait être leur place dans un conflit de haute intensité. Sur un champ de bataille, les drones, quel que soit leur usage, doivent être des machines totalement sacrifiables car c’est bien là leur principal intérêt.


[1] https://liveuamap.com/en/2022/13-march-ukrainian-army-shotdown-tu243-uav-with-manpads

[2] https://defence-blog.com/russia-uses-unmanned-helicopters-to-draw-out-ukrainian-air-defenses

[3] https://balkaninsight.com/2022/03/11/mysterious-drone-crash-leaves-croatia-baffled

[4] https://www.navalnews.com/naval-news/2022/05/watch-ukrainian-tb2-striking-two-russian-raptor-assault-boats

[5] https://twitter.com/UAWeapons/status/1518591515421028352?s=20&t=F6z-eSHUxa5k8nDyPUKACA

[6] https://cf2r.org/rta/linexorable-ascension-des-drones/

[7] https://www.lefigaro.fr/international/en-ukraine-les-drones-civils-sont-devenus-des-armes-20220318

[8] https://defence-blog.com/russia-loses-dozens-of-unmanned-aircraft-in-ukraine

https://cf2r.org/rta/que-nous-apprend-la-guerre-en-ukraine-sur-la-guerre-aerienne-et-la-defense-antiaerienne-dans-un-conflit-de-haute-intensite/

[9] https://www.youtube.com/watch?v=K-EmefKWWks

[10] https://gagadget.com/fr/138605-reuters–les-etats-unis-ont-suspendu-la-vente-de-drones-mq-1c-gray-eagle-equipes-de-missiles-hellfire-a-lukraine-pourquoi

[11] https://cf2r.org/rta/linexorable-ascension-des-drones/