Analyse des frappes ukrainiennes dans la profondeur du territoire russe

Le 5 décembre, puis le 26 décembre dernier, l’Ukraine créait la surprise en allant frapper deux bases aériennes russes, mettant en œuvre des bombardiers stratégiques (bombardiers largement utilisés par les Russes pour tirer des missiles sur l’Ukraine). Ce qui a surpris, c’est la distance à laquelle ont été effectuées ces frappes. La base d’Engels-2 est à plus de 650 km de la ligne de front à vol d’oiseau et la base de Dyagilevo à plus de 500 km de l’Ukraine. Or, dans leur arsenal, les Ukrainiens ne disposent, en principe, d’aucun armement permettant de frapper si loin à l’intérieur du territoire russe.

Jusqu’à présent, les frappes n’avaient jamais dépassé les 250 km, distance pouvant être couverte par les missiles balistiques Toschka-U (185 km de portée maximum) ou les drones turcs TB-2. Ne restait qu’une possibilité : l’emploi des drones civils chinois « missilisés » SKYEYE ; déjà largement utilisés contre la Crimée, ils peuvent, en théorie, parcourir jusqu’à 650 km mais cela aurait obligé à augmenter l’emport de carburant au détriment d’une charge militaire déjà réduite (20 kg maximum).

Il y aurait aussi un mystérieux nouveau « drone » ukrainien susceptible de parcourir 1000 km et d’emporter 75 kg de charge militaire, ou encore le détournement de vieux drones de reconnaissance soviétiques TU-141 qui peuvent voler à 1000 km/h sur 1000 km et emporter une charge militaire maximale estimée entre 200 et 250 kg environ… Finalement ce sont les déclarations russes qui viendront clore le débat (les Ukrainiens ne revendiquant jamais directement les attaques sur le territoire russe) en déclarant qu’il s’agissait d’anciens drones soviétiques qui avaient été utilisés, ce qui corrobore les témoignages de bruit de réacteurs au moment de l’attaque.

Que nous apprennent ces attaques sur l’emploi des drones reconvertis en missiles de croisière, sur la couverture radar de l’espace aérien et la défense antiaérienne russe ?

Attaque des bases

Dyagilevo :

C’est une base proche de Moscou, près de la ville de Riazan. Elle abrite principalement des bombardiers stratégiques TU-22M, des avions de transport IL-76 et des ravitailleurs IL-78. La base en elle-même ne possède qu’un radar de contrôle local de l’aérodrome (RSP-10) et un vieux radar de veille 1RL131 P-18 (SPOON REST). Il n’y a aucun système antiaérien présent sur la base ou dans les alentours. Les systèmes antiaériens les plus proches sont à 130 km, ce sont ceux qui assurent la défense de Moscou. La base était donc sans défense face à l’arrivée du TU-141.

Le drone « missilisé » est arrivé sur la base avec un cap au 050° environ et a percuté le tarmac à une quinzaine de mètres d’un TU-22M3 avec un angle d’environ 45° (en dessous, la dérive du bombardier aurait été détruite par l’impact) engendrant une explosion dont les flammes se sont propagées sur 70 m de longueur. L’explosion a détruit un camion-citerne situé à proximité du bombardier et endommagé les sorties de tuyères des réacteurs et les deux plans horizontaux. Le reste de la structure de l’appareil ne laisse pas apparaître d’autres dégâts, ce qui laisse penser que l’appareil a pu être remis en état relativement rapidement.

Image satellite montrant la zone d’impact sur la base de Dyagilevo
Images montrant les dégâts occasionnés par l’attaque
Images montrant les dégâts occasionnés par l’attaque

Engels-2

Cette base se situe sur la rive est de la Volga près de la ville de Saratov. Elle abrite des bombardiers stratégiques TU-95 et TU-160, c’est la plus grande base de bombardiers stratégiques de Russie. Cette base est protégée par deux batteries de S-400, une à 7 km au Sud de la base et une autre située à une vingtaine de kilomètres à l’Est. L’ensemble est interconnecté à des radars VHF de veille lointaine qui sont situés sur les collines surplombant la ville de Saratov, rive Ouest de la Volga. Toutefois, la base ne dispose pas de systèmes antiaériens de courte portée, comme les TOR ou les PANTSIR, pour assurer la protection en basse altitude. Systèmes qui se seraient avérés utiles, d’autant plus que la configuration de la batterie S-400 la plus proche révèle seulement deux véhicules TEL (lanceur de missile) en position de tir et surtout les radars sont en mode détection haute altitude. Pour optimiser la détection en basse altitude, des mâts sont disponibles pour élever les radars associés mais, ici, ils n’étaient pas utilisés.

Image satellite du site S-400 au sud de la base d’Engels avant l’attaque
Image satellite du site S-400 au sud de la base d’Engels avant l’attaque

Le TU-141 est arrivé avec un cap au 040° environ et une faible inclinaison (20 à 30°), ce qui a créé une traînée de flammes d’environ 120 m de long déclenchant un début d’incendie sur un Tu-95, incendie vite maîtrisé en regard de l’absence de dommages visibles sur l’appareil. La faible inclinaison avec laquelle est arrivé l’engin, surtout comparée avec celle de l’attaque  sur la base de Dyagilevo, laisse penser à une possible interception tardive par un missile de S-400. Interception qui aurait endommagé le TU-141 qui, privé de motorisation, aurait continué en vol plané d’où le faible angle de l’impact. Toutefois, la couverture nuageuse sur le site S-400 situé au sud n’a pas permis de confirmer, avec les images satellites, qu’il y a bien eu un tir de missile.

Image satellite montrant la zone d’impact sur la base de d’Engels-2
Image satellite montrant la zone d’impact sur la base de d’Engels-2

Le 26 décembre une nouvelle attaque a eu lieu sur cette base avec le même type d’engin. Il a été intercepté par la défense sol/air mais les débris ont fait plusieurs victimes au sol sur la base. Si aucun appareil ni aucune infrastructure critique ne semblent avoir été touchés, là encore, l’interception a été réalisée relativement tardivement puisque les débris sont retombés sur la base.

L’analyse de ces attaques permet déjà d’exclure certaines des hypothèses émises. Ainsi il semble peu probable que les TU-141 aient subi de profondes modifications en dehors du remplacement de la charge utile par une charge explosive. Les attaques ne montrent pas d’impact direct sur les bombardiers, on n’est donc pas sur du guidage de très haute précision. On peut alors exclure la présence d’autodirecteurs ainsi que l’existence d’un guidage laser réalisé par des forces spéciales infiltrées (si de telles forces avaient pu s’introduire dans une base russe, le plus simple aurait sans doute été de piéger directement les appareils stationnés). La seule modernisation envisageable est, à priori, l’ajout d’un récepteur GNSS pour recaler la centrale inertielle et obtenir une meilleure précision. On ignore le point initialement visé mais les deux premières attaques étaient orientées dans le sens du tarmac, dans l’espoir d’occasionner des dégâts quel que soit l’endroit impacté sur la longueur de ces tarmacs.

En tout état de cause, les Russes, en réaction à cette première attaque, semblent avoir mis en place un brouillage des signaux GNSS à proximité des bases visées afin de dégrader la précision d’autres attaques éventuelles et sans devoir mobiliser des systèmes sol/air, déjà largement mis à contribution à proximité du front. De plus l’analyse des cartes de cohérence, réalisées à partir d’imagerie radar sur les sites S-400 proches de la base d’Engels-2, indique que la configuration des sites a été modifiée suite aux attaques du 5 décembre. Toutefois, les modifications apportées ne sont pas connues.

La couverture radar de l’espace aérien, une étanchéité jamais totale

Le territoire russe est couvert par plusieurs centaines de stations radar qui assurent, au-dessus de 3000 m d’altitude, une couverture pratiquement totale de l’espace aérien russe. Néanmoins, à mesure que l’altitude diminue, des trous de détection apparaissent et ces trous sont de plus en plus grands à mesure que l’on s’approche du sol.

C’est logique : la terre étant ronde, l’horizon radar diminue en même temps que l’altitude. Sauf à disposer d’un territoire de taille réduite et plat, il est impossible de totalement maîtriser son espace aérien. Même l’usage d’avions radars comme les AWACS ne permet pas totalement de se soustraire aux différents masques de terrain qui existent. De toute façon, avec un pays aussi immense que la Russie, cette mission relève de l’impossible et le nombre d’avions radars dont le pays dispose, une quinzaine, est bien insuffisant pour assurer une veille permanente, ne serait-ce que sur une seule région. Une cible volant à moins de 500 m d’altitude ne sera détectable par radar qu’à moins de 100 km, et encore, c’est théorique ; cela part du principe qu’il n’existe aucun obstacle/relief sur cette distance. En pratique cette distance est bien plus réduite.

Les positions connues des radars de veille russes permettent ainsi de se faire une idée des trajectoires probables des TU-141 « missilisés ». L’essentiel de la veille aérienne russe longue distance est assuré par des radars tridimensionnels VHF 55ZH6U NEBO-U (TALL RACK) ou des radars 2D plus anciens comme le 1RL113 P-14 (TALL KING) ou le 1RL131 P-18 (SPOON REST). Ces radars sont avant tout conçus pour détecter des aéronefs à haute altitude et à grande distance. Ils sont également pertinents pour détecter des avions « furtifs », leur longueur d’onde n’étant pas sensible aux techniques de furtivité utilisées. Du fait de l’utilisation de grandes longueurs d’ondes, la détection des petits objets est, par contre, plus difficile surtout à basse altitude.

Bien que le TU-141 n’ait pas été étudié pour être particulièrement « furtif », sa petite taille (14 m de longueur, 3,8 m d’envergure et 2,4 m de hauteur) et sa forme très aérodynamique en font un objet à la SER (Surface Équivalente Radar) naturellement réduite. Ajoutons une altitude de vol à moins de 500 m sol étudiée pour éviter de rentrer dans les volumes de détection des radars et il est assez facile d’expliquer comment ces engins ont pu pénétrer aussi profondément en territoire russe sans être détectés. Il n’y a rien de surprenant, cela démontre seulement que les Ukrainiens ont très bien préparé l’attaque en étudiant les trajectoires pour échapper aux radars de veille.

Trajectoires probables des TU-141 en fonction de la position des principales stations radar russes
Trajectoires probables des TU-141 en fonction de la position des principales stations radar russes

L’analyse des couvertures radars permet d’invalider la rumeur, qui s’est largement propagée, indiquant que les TU-141 auraient été équipés de transpondeurs russes récupérés sur les aéronefs abattus. En réalité, les Ukrainiens disposaient déjà de transpondeurs d’origine soviétique sur leurs aéronefs mais les transpondeurs militaires sont cryptés et nécessitent la mise à jour quotidienne des clefs de chiffrement. Si les Ukrainiens disposaient de ces clefs, cela ferait bien longtemps qu’ils auraient utilisé leurs propres aéronefs pour frapper le territoire russe en se faisant passer pour leur ennemi. Ensuite, même si l’on imagine que les Ukrainiens n’en aient utilisé que le mode civil, un transpondeur doit être associé à un plan de vol déposé et approuvé auprès des autorités aéronautiques russes pour être valide. Toutes ces raisons font que cette hypothèse, largement reprise dans les médias, peut être raisonnablement éliminée. Les Ukrainiens n’avaient pas besoin d’une telle complexité (l’explication la plus simple est souvent la meilleure) pour faire arriver discrètement leurs drones modifiés en missiles à proximité des bases attaquées.

Les limites de la défense antiaérienne

La Russie est un des pays les mieux équipés en systèmes de défense antiaérienne. La défense antiaérienne russe est à la fois nombreuse, variée et performante. Néanmoins, comme on l’a vu précédemment, il est pratiquement impossible de créer un dôme de détection totalement étanche et une menace non détectée ne peut pas être neutralisée. La tâche est d’autant plus difficile que le territoire à couvrir est vaste. La Russie est un pays immense et il est inimaginable que l’ensemble du territoire puisse être protégé par des systèmes de défense sol/air. La défense aérienne russe s’est donc établie en fonction de priorités et de risques de menaces évalués.

Ainsi certaines zones possèdent des moyens renforcés, comme la ville de Moscou qui dispose, en permanence, d’une vingtaine de systèmes S-300/400 actifs positionnés en périphérie de la ville pour assurer sa protection mais aussi la ville de Saint-Pétersbourg qui est protégée par une douzaine de systèmes, l’enclave de Kaliningrad protégée par une petite dizaine de systèmes tout comme la Crimée. Ici on ne parle que des systèmes de moyenne et longue portée auxquels il faut ajouter éventuellement les systèmes de courte et très courte portée qui complètent la protection dont certains, des Pantsir-S2, ont été déployés fin janvier sur des bâtiments à Moscou. Hors de ces grandes zones très protégées, les plus stratégiques pour le pouvoir russe, les moyens de défense sol/air sont beaucoup plus réduits et ne peuvent prétendre assurer une protection totale. D’ailleurs aucun système au monde ne peut garantir une protection réellement étanche.

La Russie a fait le choix, cohérent, de concentrer ses moyens en fonction des priorités stratégiques. Elle aurait pu choisir de disséminer l’ensemble de ses moyens pour couvrir plus de superficie mais cela n’aurait été qu’un saupoudrage en réalité bien peu efficace. Alors effectivement, il existe beaucoup de zones militaires peu ou pas protégées, assez facilement accessibles, qui peuvent subir des attaques aériennes par missiles ou par drones. C’est ce qu’ont fait les Ukrainiens en choisissant d’attaquer avec succès ces deux bases. A noter que le même jour deux autres attaques ont eu lieu, une contre la base aérienne de Koursk, beaucoup plus proche de l’Ukraine mais aussi bien mieux protégée et qui avait déjà réussi à repousser plusieurs attaques similaires (néanmoins le lendemain une attaque a quand même réussi à détruire un réservoir de carburant sur cette base) et, selon les sources russes, une autre au-dessus de la Crimée, elle aussi interceptée.

La défense antiaérienne ne peut prétendre assurer une protection totale, elle est là pour augmenter le coût d’une attaque. C’est ce que font également les Ukrainiens qui ont concentré leurs moyens  antiaériens autour des grandes villes afin d’augmenter localement l’efficacité de leur défense. Cela leur permet d’intercepter une majorité de drones et de missiles. La Russie doit alors lancer un grand nombre d’engins à la fois pour espérer détruire les cibles visées, ce qui augmente le coût de l’attaque. Après, la question reste de savoir qui craquera le premier, l’attaquant ou le défenseur ? Les missiles, quelle que soit leur nature, ne sont pas inépuisables et, selon leur niveau technologique, finissent par coûter très chers.

Perspectives pour les Ukrainiens

L’utilisation de drones TU-141 transformés en missiles de croisière pour effectuer des attaques dans la profondeur restera marginale compte tenu du très faible nombre de vecteurs disponibles (une quinzaine avant la guerre dont, au moins, la moitié a déjà été tirée) ; d’autres moyens de frappes devront être trouvés par les Ukrainiens pour toucher en profondeur le territoire russe.

Il y aurait, bien entendu, cette nouvelle arme (drone ou missile ?) que les Ukrainiens déclarent développer et qui aurait 1000 km de portée. Mais il n’est pas certain que l’outil industriel militaire ukrainien, largement affaibli par 9 mois de guerre, soit en mesure d’assurer une mise en production en série, si tant est que ce soit une réalité et pas seulement un outil de propagande.

La livraison d’armes occidentales de cette portée apparaît très incertaine tant les risques d’erreur d’attribution sont grands. Il est difficile, avec un missile de très grande portée, de pouvoir déterminer l’origine du tir et donc l’auteur de ce tir. Si un missile longue portée (plus de 300 km) d’origine occidentale se retrouvait en Russie, les autorités russes pourrait avoir un doute légitime quant à l’auteur du tir. Géopolitiquement ce n’est pas du tout la même chose pour la Russie si une frappe est attribuée à l’Ukraine ou à un pays membre de l’OTAN. La guerre changerait alors radicalement de dimension et, pour le moment, les autorités américaines ne semblent pas prêtes à franchir ce Rubicon, ce qui devrait grandement influencer les positions des autres membres de l’OTAN.

Le transfert de compétences, en vue d’une production ukrainienne d’un missile occidental, apparaît aussi assez peu probable. Il n’est pas certain que les Occidentaux acceptent de donner ce type de capacité et, de toute façon, il est aussi assez peu crédible de mettre en place un outil de production en série de telles armes dans un pays en guerre dont les infrastructures industrielles sont largement diminuées.

Le solution la plus évidente, la moins onéreuse et la plus simple à mettre en œuvre à court terme semble être l’utilisation de drones civils commerciaux modifiés à cet effet [1]. Sur la base des drones chinois SKYEYE, on peut très bien imaginer que les Ukrainiens arrivent à en augmenter l’autonomie sans trop perdre en charge militaire. Toutefois il existe bien d’autres modèles chinois disponibles offrant des performances supérieures comme, par exemple, le FD180P qui peut évoluer à une vitesse de 120 km/h pendant 8 à 10h de vol avec une charge utile de 40 kg. Une autre solution envisageable à moyen terme est le développement et la mise en production de machines très simples et peu chères comme les Shahed-136 iraniens, ou les Samad-3 des Houthis. Faible vitesse, taille réduite, facilité de production, grande autonomie et, en plus, si un travail de recherche de « furtivité » radar était réalisé (plus un objet est petit et plus la notion de furtivité radar est pertinente), tout cela en ferait des engins particulièrement difficiles à intercepter qui représenteraient une menace importante sur une large partie du territoire russe. La Russie pourrait alors se retrouver confrontée à une menace tout à fait similaire à celle à laquelle sont confrontés l’Arabie Saoudite et les EAU face aux attaques des Houthis. Toutefois, les Russes sont dans une démarche identique et l’Ukraine doit déjà faire face à une menace tout aussi semblable, ce qui met à rude épreuve les systèmes de défense antiaériens en leur imposant une consommation élevée de munitions.


On retiendra de ces attaques que, finalement, elles sont davantage une atteinte à l’amour propre des Russes et un symbole plus que des coups militaires significatifs. Pour avoir un effet tangible, il faudrait augmenter considérablement le nombre d’engins tirés sur chaque cible mais, aujourd’hui, les Ukrainiens n’en ont sans doute pas réellement les moyens. Néanmoins, ce mode d’action doit être considéré car il exploite une faille structurelle impossible à compenser et inévitable de tout système de détection et de protection antiaérien. A terme, des frappes répétées dans la profondeur du dispositif russe pourraient entraver la machine militaire. Il faut quand même garder à l’esprit que cette faille est exploitable par tout le monde et pratiquement partout. Par exemple, un pays comme Israël, petit pays particulièrement bien pourvu en radars et systèmes antiaériens, ne peut prétendre assurer une surveillance et une protection totales de son espace aérien, même si les mailles du filet sont particulièrement serrées. C’est un élément à prendre en compte dans la réflexion de notre propre protection.

Nous sommes également en train d’assister à une transformation de la définition des missiles de croisière. Aux côtés des missiles peu nombreux, chers et de haute technologie militaire, apparaissent des engins dérivés de technologies civiles boostées par le développement des drones, très peu chers et faciles à fabriquer avec un outil industriel basique. Le missile de croisière se mue de plus en plus en un engin « low-tech » mais dont le pouvoir de nuisance et de destruction n’est pas très éloigné des missiles de croisière traditionnels. Il existe une porosité de plus en plus importante entre les drones et les missiles. A mesure que cette guerre dure, on observe l’utilisation de matériels reposant  sur des technologies simples, parfois anciennes mais moins chères, plus faciles à produire, à mettre en œuvre et à entretenir.

[1] DEFTECH n°02 (Juin-Août 2022) – « Les drones civils au service de la guerre de haute intensité »

27/02/23 – Article rédigé par Olivier DUJARDIN